Les différents axes > Axe 3 - Équiper les transitions : accompagnements, résistances et alternativesCoordination scientifique : Bruno Chaudet, Anne-France Kogan, Julien Péquignot, Laurie Schmitt Cet axe est consacré à la manière dont les transitions se manifestent ou posent question dans les dispositifs, techniques, machines et productions (contenus/objets) déployés ou construits. Il s’agit d’observer ces transitions au prisme des techniques, notamment les machines numériques, les réseaux, les IA, des dispositifs co-construits (dans des démarches d’UX, UI, des dynamiques d’inclusion, d’accessibilité, d’intersectionnalité, d’éco-responsabilité) ou encore dans des productions culturelles et médiatiques (séries, films, musiques, jeux vidéo, articles journalistiques ou autres). Comment ces dispositifs, techniques, machines, productions contribuent-ils à accompagner les transitions ? Et, en retour, à les entraver ? À quelles critiques donnent-ils lieu, quelles résistances et alternatives se dessinent ? Enfin, il s’agit d’appréhender la matérialité de ces dispositifs et d’interroger les rapports au monde qu’ils induisent : informationnels, sensibles, etc. Les dispositifs matériels, notamment numériques, médiatiques et culturels sont régulièrement convoqués pour accompagner les transitions, qu’elles soient écologiques, énergétiques, industrielles, sociales, techniques ou organisationnelles. Mais leur mise en œuvre pose souvent de multiples problèmes qu’il est intéressant de documenter, notamment pour relativiser la thèse du solutionnisme technologique et souligner le tissage ou l’agencement toujours complexe avec les pratiques sociales. Par exemple, sous l’impulsion des projets de ville intelligente dans lesquels la donnée est devenue la promesse d’un monde meilleur, ce sont de multiples capteurs et interfaces qui se multiplient afin de produire et transmettre des données qui puissent aider aux décisions qui s’imposent pour tendre vers une efficacité énergétique. Dans de nombreux secteurs, l’optimisation et la qualité passeraient là aussi par une numérisation généralisée des phases de conception, de construction et de gestion qui se matérialise par des protocoles, des logiciels, des maquettes numériques et diverses interfaces. Et que dire des intelligences artificielles qui sont sollicitées un peu partout pour diverses raisons, dont celle, générale, de la transition numérique. Or, la dimension sociale de ces dispositifs est encore trop souvent perçue comme l’élément de dysfonctionnement qu’il s’agit de rationaliser pour l’intégrer et ainsi accélérer ou du moins réussir la transition. Mais qui choisit de mesurer quoi ? Comment et avec quels objectifs ? Comment s’opère la structuration des données et comment peuvent-elles devenir signifiantes et appropriables ? Comment penser l’agencement de ces formes organisationnelles aux différents niveaux d’analyse : situation, organisation, politique ? Si les dispositifs accompagnent les transitions, ils contribuent aussi au réchauffement climatique. La conception, la diffusion et la conservation des objets et données numériques ont une forte empreinte carbone qui ne cesse de croître. Pourtant, tout un vocabulaire présent dans le discours d’escorte de diffusion du numérique occulte cette dimension. Il y est question de cloud, de dématérialisation des services, etc. Il s’agira donc d’interroger le vocabulaire qui accompagne la transition numérique, d’interroger les méthodes de prise de conscience de ces enjeux, comme le déploiement de la fresque du numérique. Car, ce qui est central en réalité c’est bien le coût écologique des dispositifs numériques, en termes environnemental mais aussi financier et humain. Dès lors, les serveurs utilisés pour stocker les données et contenus, les écrans mobilisés, les coûts d’énergie, les infrastructures nécessaires, les réseaux que requièrent la collecte, le traitement et le transfert de données massives (big data), les algorithmes ou autres logiciels reposant sur de l’intelligence artificielle, les investissements en production virtuelle, etc. sont autant d’objets qui pourront être questionnés. Au cœur de la réflexion, se trouvent donc les reconfigurations à l’œuvre : le déploiement des techniques dans le temps long, les dynamiques d’éco-production qui sont mises en œuvre, les pratiques de classification des documents, les normes déployées (par différentes instances, à l’image du CNC, de l’AFNOR, etc.), les labels recherchés et les tensions et incohérences qu’elles peuvent susciter. Par ailleurs, si les dispositifs numériques ont envahi le travail, ils ont aussi accompagné un mouvement de bureaucratisation des activités productives dont une bonne part revient à produire, manipuler et faire circuler des données et des documents. L’expérience significative du travail sur le monde s’appauvrit, et certains salariés cherchent à renouer avec un savoir-faire manuel, pour le rapport qu’il crée au monde matériel et la satisfaction qu’il apporte. Parallèlement un mouvement de résistance ou de contestation de la consommation de masse mondialisée conduit à rechercher des produits locaux, faits main, et/ou fait soi-même. Ces deux mouvements de grande ampleur et qui s’observent dans tous les pays occidentaux participent d’un engouement pour le “faire”, au renouveau artisanal, à la multiplication de fablabs, à l’émergence de communautés alternatives en quête de nouveaux modes de vie. Il s’agit ici de questionner les formes organisationnelles que prennent ces mutations : que ce soient des hétérotopies, ces lieux autres où se jouent d’autres manières de vivre ensemble, les fablabs, ou le déploiement de plateformes mondialisées de type Etsy, qui valorisent un artisanat mondialisé pour les industries créatives. Il s’agit également d’interroger les modalités de circulation de ces savoirs “manuels”, les différents documents et contenus médiatiques : tutos, formations en ligne… |
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